vendredi 27 novembre 2020

Wandering of Alhazred, Y'ha-Nthlei

Wandering of Alhazred (demo)

Y'ha-Nthlei - 2013


J'ai plein de nouvelles chroniques commencées et inachevées qui s'accumulent... un beau reflet de ce que je suis en ce moment, un éternel nouveau départ qui ne mène à rien.
Mais trêve de balivernes, passons aux choses sérieuses, rédigeons donc un de ces petits "papiers" que vous attendez tous, avides de nouvelles découvertes et curieux de passer de nouvelles frontières musicales encore inconnues...
Ah ben, désolé du coup, on retourne à Novossibirsk le temps d'une plongée dans l'œuvre exceptionnelle (car à mes yeux unique dans son genre avant-gardiste et expérimental) de Y'ha-Nthlei.
Aujourd'hui, ce soir, je vous invite à vous servir un verre de votre meilleur whisky... voire de votre plus pure vodka (sans glace ni - blasphème - jus d'agrume quelconque), pour vous immiscer petit à petit dans le gouffre musical offert par Randolph Carter, seul maître à bord du brise glace Y'ha-Nthlei.
Je sais, j'ai parlé de peu de groupes encore sur ce blog - le temps réparera cette gravissime erreur, je le promet - et j'en suis à ma troisième chronique pour cet artiste russe.
Mais c'est qu'il me fascine, me captive !
Alors cette nuit (oui, il est 23h au moment où je commence à rédiger ces quelques lignes) partons pour un voyage musical qui nous embarquera dans ce périple extraordinaire que firent vivre à Abdul Alhazred ses recherches du savoir absolu (et interdit) à travers villes oubliées, citées sans noms, déserts arides et temples aux mille colonnes...
Cet opus débute pourtant loin des contrées désertiques car c'est sur les quais d'Innsmouth que nous invite le premier morceau, Genome of Deep One's awaken. Je ne sais pourquoi ce morceau, le plus long des trois de cet album, se trouve ici. Mais en vérité, je m'en moque un peu, car c'est un bon morceau que j'aime vraiment beaucoup.
Ainsi donc démarre la guitare saturée, puis la batterie programmée (beaucoup moins rapide que d'habitude), qui transporte l'auditeur dans les rues sordides de cette ville portuaire qui empeste le poisson... errance d'homme ivre, non d'alcool, mais du désespoir et de l'appréhension de sentir couler en ses veines les gènes maudites de ces êtres amphibies d'un autre éon. Déambulations qui mènent droit sur le ponton d'où, après plusieurs minutes d'errements, il se voit plonger dans les eaux glaciales qui le paralysent... se laissant alors couler, ne faisant aucun effort pour s'en sortir, acceptant la mort plutôt que cette maudite métamorphose. Mort qui lui est refusée pourtant, comme son nouvel état rend impossible toute noyade. Alors il se laisse porter, entre deux eaux sombres, flottant dans ses pensées qui le hantent, l'hypnotisent, le mènent finalement à la surface et à l'acceptation de sa nouvelle condition. Puis le voilà à nouveau sur les quais, trempé, repartant dans les sombres ruelles d'Innsmouth, guidé par l'instinct qui le pousse vers la haute double porte du temple voué à l'Ordre Ésotérique de Dagon...
Vient ensuite le premier des deux morceaux éponymes, furieux, qui démarre telle une locomotive. Rythme soutenu, guitare dont le son, différent du morceau précédent, pourrait bien symboliser cette folie, cette volonté irrépressible de savoir. Un tumulte qui ressemble à une course éffrénée, poussant à bout de souffle celui qui, enfin, trouve le volume recherché, pour se plonger dedans. Pourtant, de volume, c'est bien de celui qu'il est en train de rédiger qu'il s'agit. Car cette course folle, c'est celle de la plume sur les pages déjà maudites du fameux Al-Azif plus connu sous le nom de Necronomicon!
Nouvelle course, deuxième morceau sur les errements d'Abdul Alhazred - troisième de l'album - physique cette fois-ci, qui l'ont fait aller des ruines de Babylone aux souterrains secrets de Memphis dans cette quête insane des savoirs interdits, jusqu'aux portes de Damas, ville dans laquelle il s'établit pour compléter son ouvrage, jusqu'à trouver cette fin tragique - sous le regard effrayé de la foule - dévoré en plein jour par une créature invisible...
Encore une belle et captivante aventure musicale que nous offre Randolph Carter avec cet album. Bien entendu, ce qu'il vient de vous être narré, ce ne sont que mes impressions, les images stimulées par la musique écoutée en boucle lors de la rédaction (sur plusieurs jours) de cette chronique et non un "guide" proposé par l'artiste lui même pour aborder son œuvre.
Finalement, avec Wandering of Alhazred, je vous ai peut-être invité - malgré mes propos tenus au début - à dépasser de nouvelles frontières musicales, découvrir de nouveaux horizons...


3 titres pour un total de 26'36mn :

1 - Genome of Deep One's awaken
2 - Wandering of Alhazred I
3 - Wandering of Alhazred II




Sorti en cassette au tirage limité de 77 exemplaires sur le label NitroAtmosfericum Records en juin 2013, puis en CDr avec un tirage de 66 exemplaires en avril 2014 chez Grotesque Sounds Productions dont je possède le numéro de couleur jaune :



Wandering of Alhazred est disponible au format digital et en écoute libre sur la page du label : Grotesque Sounds.

Page officielle de Y'ha-Nthlei c'est ici !

Pour l'anecdote, l'illustration qui a servi à la jaquette (Cassette puis CD) est de D.L. Hutchinson, initialement créée pour le numéro 105 du fanzine lovecraftien Crypt of Cthulhu (cliquez sur la couverture pour plus de renseignements) :