mercredi 15 janvier 2020

The Room, Night Gaunt


The Room

Night Gaunt - 2018


Je pense inutile de commencer cet article en rappelant combien l’œuvre de Lovecraft peut influencer les musiciens. Il me semble tout aussi inutile de conforter ce propos en précisant que la majorité des groupes qui rendent hommage, s'inspirent ou pillent cette œuvre est du genre Metal, voire plus précisément Black Metal. 
Bon, il est vrai que l'ambiance des nouvelles ne prête pas trop à la rigolade, ni ne donne dans la godriole. Il est donc normal que ce genre qui flirt avec l'image satanique, dont la musique donne plus souvent envie de se jeter à l'eau (en plongeant du récif du diable, cela va de soit) que de faire la bise à un inconnu dans le bus ou à une charmante demoiselle croisée dans la rue, s'inspire de ce mythe qui nous passionne tant. 
Force est de constater, comme cela est d'ailleurs aussi le cas dans le milieux littéraire voire visuel, que les artistes qui se réclament d'HPL sont de plus en plus nombreux ces dernières années. 
Et c'est très bien, et c'est précisément pour ça que ce blog existe, nom d'un Shoggoth. 
Car même si le rapport avec le Mythe de Lovecraft reste parfois ténu et semble un prétexte mercantile plus qu'un réel hommage, cela me permet ces derniers temps des découvertes musicales fabuleuses. 
Souvent, les yeux grands ouverts sur les ténèbres de ma chambre, lors de nuits dont les heures semblent me priver de ce sommeil qui me serait pourtant d'un grand réconfort, je pars à la découverte de groupes à la sus-dite inspiration sur le ouèb. 
C'est ainsi qu'une nuit j'ai saisi le simple mot Nightgaunt (on se demande bien pourquoi) dans le moteur de recherche de Bandcamp et que je suis tombé sur ce groupe de doom italien qui n'avait, à l'époque, qu'un album et un single à son actif. 
La magie a opéré tout de suite et, depuis ce moment, je n'ai de cesse de parler de lui. 
Ce qui est amusant, au demeurant, c'est que, comme son nom ne l'indique pas, l'inspiration première de ce combo n'est pas notre cher Howard. Non, non. L’œuvre dans laquelle puise allégrement ce groupe, c'est celle d'Edgar. Edgar Allan Poe. Celui à qui l'on doit tout. Celui qui a éveillé mon goût pour le genre que j'adule aujourd'hui. Celui que je considère comme le maître absolu, la fondation même du genre. 
Mais que cessent ici ces digressions. 
Revenons à nos émaciés nocturnes latins. 
Le groupe est donc constitué de quatre musiciens, Zenn aux guitares, Araas à la basse, Tystnaden à la batterie et enfin GC aux guitares et chants. Même si chacun participe à la création des morceaux, on retrouve GC à l'écriture de toutes les paroles. 
Quatre talentueux artistes efficaces qui nous délivrent avec ce second opus, the Room, un magnifique album poesque à souhait. 
Les guitares lourdes, les lignes de basse et de batterie tirées au cordeau, ces chants impeccables, tout ceci a eu vite fait de fasciner ma pauvre âme et, même si cela était loin d'être nécessaire, a confirmé tout le bien que je pensais déjà de ce groupe. 
Qu'en est-il des chansons de ce nouvel album ? Pour le résumer, je vais me permettre de simplement citer ce qu'en dit le groupe lui même : 
"L'objectif de The Room est de transmettre tous les effets que la perte d'un être cher peut avoir sur l'âme humaine : la rage, le désespoir, le déni puis la dépression, toutes ces phases que l'on abordent et que l'on doit affronter au cours du travail de deuil qui mène à l'acceptation.  
Chacune des chansons évoque ces sentiments dans un mélange sombre de violence et de musique, aussi lourde que peut être le Maelström émotionnel qui engloutit l'individu confronté à la douleur sous toute ses formes"
Les paroles sont de véritables joyaux, présentés dans un écrin musical magnifique, fait de satin et d'or le plus pur... mais bordées de guitares tranchantes et de percussions puissantes.
La peinture de la pochette est une œuvre de l'artiste italien Nicola Samori. Quant aux photos intérieures, qui illustrent les paroles de chacune des chansons, complétant ainsi parfaitement l'atmosphère de l'album, elles sont dues à Moonlite (Carlotta Valente)
Essayer de choisir une chanson préférée est simplement impossible. Même s'il ne s'agit pas ici d'un concept-album, les six chansons qui le composent sont liées par ce sentiment abordé plus haut, provoqué par la perte d'un être aimé.
A savoir que la chanson Penance est une nouvelle version de la face B de leur single Jupiter's Fall sorti en 2016 (aujourd'hui épuisé).
Alors, chers amis, amies chères, faites moi plaisir en m'accompagnant dans ce voyage à bord de la lourde mais oh! combien extraordinaire musique proposée par ce groupe italien, dont le second album est tout simplement un incontournable du genre.
Faisons ce voyage ensemble, comme au delà de chacune des phrases, chacun des mots qui en composent les paroles, derrière chacune des notes de guitares ou des rythmes de batterie, nous ne garderons en mémoire qu'une seule chose... une chose éternelle telle que le sourire habillant le visage livide d'une amoure décédée, ou les rires d'enfants à jamais perdus dans les limbes du désespoir, ou encore les yeux grands ouverts d'un parent nous fixant pour toujours...
Car, tandis qu'inlassablement nous écouterons encore cette musique, cette poésie du désespoir, qui insuffle la vie dans la mémoire des défunts, nous réaliserons que, dans chacun des mots, dans chacune des notes, à chaque minute, chaque seconde qui s'écoulent, ne subsiste plus que le souhait de voir le rideau final descendre sur notre propre scène, afin d'être libéré de ces visions laissées par ces êtres chers désormais absents, nous permettant ainsi, enfin, de jouer éternellement ce drame, cette tragédie qui s'appelle homme et dont le héros est... le ver conquérant.

1 - The Room
2 - Penance
3 - Oval Portrait
4 - Veil
5 - Labyrinth
6 - The Owl


The Room est disponible au format CD, digital et en écoute libre sur la page du groupe :
Guitare et Chant : GC
Guitares : Zenn
Basse : Arras
Batterie :Tystnaden

Parution : 2 novembre 2018

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